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Homélie de la fête paroissiale du 7 octobre

Dimanche 7 octobre. Au calendrier est inscrite la fête de Notre Dame du Rosaire. Ça ne dit peut-être pas grand chose à beaucoup, mais cette fête rappelle que Marie à Lourdes, dans le sillage de l’Évangile, invite les chrétiens à la prière : priez ! Prier pour nous, pour nos proches, pour le monde.

Peut-être tout le monde ne sait pas que notre paroisse Sainte-Marie de Doulon est placée sous le vocable de Notre Dame du Rosaire ? C’est donc aujourd’hui notre fête patronale. C’est notre fête paroissiale. Marie guide notre paroisse, elle l’aide à devenir féconde dans la fidélité à l’Évangile.

Cette fidélité, cette fécondité, est aujourd’hui mise à l’épreuve. Les pharisiens veulent coincer Jésus : est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ?

Ce que Dieu unit, répond Jésus, que l’homme ne le sépare pas. Pourquoi beaucoup des couples, et de plus en plus semble-t-il, choisissent-ils ce texte pour leur mariage ? Ils lisent ainsi publiquement devant familles et amis ce rappel : ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Comme si les futurs mariés avaient besoin de se rassurer et de rappeler des fondamentaux de la vie. En effet, pour beaucoup de ces couples il n’est pas rare que l’un ou l’autre des parents soit séparé ou divorcé. Les couples eux-mêmes qui se présentent au mariage sont parfois issus de famille recomposée.

Mais pourtant ils veulent faire entendre : ce que Dieu unit, que l’homme ne le sépare pas. Ce texte d’Évangile en appelle à la création du monde et dit des choses fondamentales et stables.
Il dit d’abord ceci : il y a dans l’humanité l’homme et la femme. L’homme est différent de la femme, mais hommes et femmes sont strictement égaux. Ils sont égaux, mais différent. La différence est inscrite dans notre humanité.

Ce texte dit encore ceci : Le mariage, c’est l’homme et la femme. Cette union dans la différence est féconde. C’est elle qui porte la vie au sens strict, au sens de procréation, de naissance de nouveaux êtres humains.

Ayant dit cela, rien n’a été dit des bouleversements qui affectent tant de couples et des souffrances engendrées par les séparations. Elles sont un fait. Et l’attitude de chaque croyant et de la communauté chrétienne à l’égard des personnes séparées, divorcées, doit être infiniment respectable et remplie de tendresse. Leur place est dans la communauté chrétienne. Rien n’est altéré de leur dignité.

Ayant dit cela, rien n’a été dit de l’amour entre deux hommes ou entre deux femmes. Ceci est, ainsi que le dit Claude Dagens, évêque d’Angoulême et membre de l’Académie française, « un fait inscrit dans l’histoire des cultures, des peuples, et surtout dans la vie, dans la chair dans le cœur d’un certain nombre d’hommes et de femmes. » (La Croix 28 septembre 2012).

La société française, et les chrétiens parmi eux, vivent en ce moment une épreuve, une question qui ressemble à celle des pharisiens dans l’Évangile, mais version XXIème siècle : Est-il permis de marier deux hommes ou deux femmes ?

La réponse des chrétiens est simple : si l’homme est différent de la femme, alors il ne faut pas parler de mariage pour inscrire une égalité de traitement entre deux hommes et deux femmes. Il faut parler d’autre chose. Si le mariage est l’union de l’homme et de la femme, il faut un autre mot pour dire l’amour de deux hommes ou de deux femmes et le cas échéant adapter les mesures qui vont permettre l’égalité de traitement. Mais il ne s’agit pas d’un mariage.
La conférence des évêques de France vient de publier à ce sujet un texte remarquable (vous trouverez ce texte sur le site de la conférence des évêques de France) que j’invite tous ceux qui le peuvent à lire et relire, à débattre pour le comprendre. Les choses sont dites assez simplement et surtout avec beaucoup d’intelligence envers les hommes et les femmes homosexuels.

Voilà que je me fais l’écho d’un débat bien difficile en pleine fête paroissiale : Mais on ne veut pas éluder l’Évangile d’aujourd’hui, il faut bien le situer par rapport aux questions de notre temps !

Nous ne nous redirons jamais assez, et quels que soient les sujets qui nous préoccupent que l’Évangile est d’abord l’annonce par les chrétiens d’une Bonne Nouvelle pour tout le monde sans aucune exception. En aucun cas l’Évangile n’est une condamnation. Il est une conversation aimante avec chacun de nous pour nous entraîner sur des chemins de vie.

L’Évangile est un appel à la fécondité de chacun, la fécondité des couples dans le désir d’enfants, tout comme la fécondité sociale, intellectuelle, religieuse.

Aimer, c’est se donner. Aimer, c’est donner la vie. C’est le vœu des mariés au jour de leur mariage. C’est le vœu des prêtres au jour de leur ordination. C’est le vœu des religieux et religieuses au moment de leur consécration. Toute vie humaine est appelée à être féconde, à donner la vie. Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même nous redit sainte Thérèse de Lisieux que nous avons fêtée le 1er octobre.

Je vous invite à méditer : vous les jeunes, qui devenez acteurs de notre monde et témoins de ces questions qui traversent votre vie, vous les hommes, les femmes, quels que soient vos choix, quelle que soit votre orientation, quelle que soit la vérité ou les obscurités dans votre vie, je vous invite au nom de l’Évangile à scruter le mystère d’amour que Dieu a mis en chacun de vos cœurs et la vocation à laquelle il vous appelle : nous sommes faits pour la vie.

Je vous invite à méditer ceci : qui que nous soyons, nous sommes aimés de Dieu et à cause de cela nous devenons capables d’aimer. Nous sommes capables d’aimer et d’être aimés. Que ces paroles de la Bonne Nouvelle de l’Évangile nous ouvre un chemin, qu’elles dissipent les nuages si l’horizon s’est assombri. Qu’elle ouvre un chemin : quelle que soit notre vie, elle possède une part de fécondité qui peut toujours se libérer.

Dieu fait alliance avec nous : regarder. En complétant l’alliance de Dieu à la nôtre, nous nous engageons solennellement, comme des fiancés, à la fidélité à Dieu et à son Évangile. Rien ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu a mis en notre cœur, par Jésus Christ.

Daniel Orieux


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