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Le culte marial à Notre-Dame-de-Toutes-Aides

Dans l’histoire de l’Église, le culte de la Vierge Marie, mère de Jésus, a pris naissance très tôt ; « il est à l’origine des nombreux sanctuaires élevés en son honneur à travers le monde, des nombreuses fêtes liturgiques qui la célèbrent et d’une spiritualité aux diverses formes, adaptées aux esprits les plus simples comme aux plus grands mystiques et théologiens ». [1]

Ainsi, la chapelle Notre-Dame-de-Toutes-Aides est un bel exemple du culte mariai au pays nantais. Elle reçut son titre probablement après les Croisades. La fête patronale était célébrée le 25 mars, fête de l’Annonciation. En 1610, après sa réfection, elle possédait une haute statue en bois polychrome de la Madone, portant sur son bras gauche l’

Enfant Jésus : « Marie est une reine qui porte le roi du monde ». Au fil des ans et des siècles, la chapelle devint « un lieu de pèlerinage très prisé de toute la population nantaise ». En témoignage des « grâces obtenues par l’intercession de Notre-Dame » des ex-voto tapissent deux murs, ainsi qu’une maquette d’un petit voilier est suspendu à la voûte. Des remerciements, des reconnaissances pour « Celle à qui l’on peut tout demander », sous forme de plaques gravées en marbre blanc jusqu’en 2007…


Statue de Notre Dame de Toutes-Aides

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Statue de Notre Dame de Toutes-Aides

Le chanoine Russon nous dit que la chapelle, après sa réfection en 1610, possédait une haute statue en bois de la Madone, en bois polychrome, datée du XVIIème siècle, « du temps où Louis XIII consacrait son royaume à la Sainte Vierge (1638) ». Elle représente Marie, la Mère, portant sur son bras gauche l’Enfant Jésus. Haute d’un mètre vingt, couverte d’une polychromie moderne, elle est droite, presque raide et s’appuie sur sa jambe gauche, le genou droit saillant sous la robe. Elle tient sur son bras gauche l’Enfant, complètement dénudé, qui paraît âgé de quelque dix mois, avec les membres potelés et une chevelure frisée. La Mère, elle, est amplement vêtue d’une longue robe dorée, damassée de croisettes, qui retombe, en plis parallèles, jusque sur ses pieds. Elle est enveloppée dans un manteau bleu, orné de ramages, qui descend du cou jusqu’aux pieds, et dont un pan est relevé et retenu par la main droite. Lui aussi est plissé savamment et agréablement. L’Enfant repose sa main gauche sur le bras maternel ; de son bras droit, il fait un geste incertain, et l’on aura quelque peine à y poser le sceptre au XIXème siècle.

Bien qu’elle ait été retouchée en 1874, cette vierge demeure d’une majesté vraiment royale : c’est la Reine-Mère, puissante et bonne à la fois.

Cette statue a été sauvée pendant la Révolution, de façon qualifiée de miraculeuse. Un dimanche soir de 1795, des soldats mirent tout en pièces dans la chapelle mais quand l’un d’entre eux monta sur une échelle avec une hache pour s’attaquer à la statue, un barreau se brisa, le précipitant à terre. Un témoin de la scène, alors enfant, la fille du sacristain, l’a raconté ultérieurement au chanoine Abel Cahour (1812-1901) qui a mis son récit par écrit. Un vitrail dans la chapelle rappelle ce fait.

La statue de Notre Dame de Toutes-Aides est la première des trois Madones de Nantes à avoir reçu le « privilège d’un solennel couronnement ». C’est le pape Léon XIII qui l’accorde en 1883. En son nom, Mgr Lecoq, évêque de Nantes, procéda à cette cérémonie solennelle et grandiose le 24 juin 1883. La chapelle garde témoignage de cette cérémonie solennelle : un haut-relief sculpté, de marbre blanc, transporté dans la chapelle votive en 1911, un panneau de marbre et un vitrail dit « du couronnement », réalisé en 1958 par le peintre verrier Maurice Rocher. Le souvenir de la coronation fut renouvelé en 1908, 1933 (le jubilé d’or), 1958 et 1983. Les couronnes actuelles sont des copies, les originaux ayant été mis à l’abri dans le Trésor de la Cathédrale.

Après les bombardements terribles de Doulon en juin 1944, la statue est transférée dans l’église de La Chapelle-Heulin. Après avoir passé la Loire sur un pont de bateaux, le pont de Pirmil ayant été saboté par les Allemands dans leur fuite, elle fit sa rentrée solennelle le 11 novembre à Notre-Dame-de-Toutes-Aides.

Il peut être souligné la continuité de la dévotion mariale : aujourd’hui, « devant (la vénérable) statue brûlent des cierges, témoins de la prière des fidèles et de leur volonté de vivre en chrétiens ». Notre-Dame-de-Toutes-Aides « était et demeure un lieu de culte important ».


Sources :
- Chanoine Jean-Baptiste Russon, Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes, préface de Mgr Villepelet, évêque de Nantes, décembre 1961, 44 pages.
- Bulletin paroissial : Vie paroissiale de Notre-Dame-de-Toutes-Aides, 18 septembre et 2 octobre 1983
- Article « Toutes-Aides, église dédiée à la Vierge, celle à qui l’on peut tout demander », in Ouest-France : entretien avec l’abbé François-Xavier Romefort, curé de la paroisse.
- le site infoBretagne : http://www.infobretagne.com/doulon-paroisse.htm

Texte :
- Michel Kerézéon
- Jean-François Dutar

Photos :
- Jean-François Dutar
- Presse Océan

Notes

[1] Théo, 1993, Vie des Saints, p. 98c

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