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Le temps des témoins (saint Luc 24, 35-48 – 3° dimanche de Pâques)

Homélie du 3ème dimanche de Pâques 18 avril

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Au caté récemment (en visio), des enfants ont lu l’histoire de l’apôtre Thomas (en saint Jean ch. 20) qui met du temps à croire que Jésus est ressuscité et ils se sont sentis très proches de lui … « Est-ce qu’on est obligé d’y croire ? » a demandé l’un d’entre eux. Grande et belle discussion, m’a rapporté Catherine… Et je sais que la discussion a pu continuer en famille : tant mieux ! Nous ne sommes pas obligés d’y croire, mais il y a des gens autour de nous qui nous invitent à y croire, des gens à qui on peut faire confiance. En effet leur vie dit quelque chose de cette résurrection toujours en chemin chez nous depuis que Jésus a traversé la mort : ces gens on les appelle des ‘témoins’. Mais n’imaginons pas que tout a été simple le jour de Pâques pour les amis les plus proches de Jésus, pour Marie sa mère et pour les autres femmes qui étaient elles aussi dans la suite du prophète Jésus ! Ce qui est clair, c’est la déroute de ces hommes et femmes, c’est la déception, le découragement et l’incompréhension à propos de Jésus qui est mort.

Pourtant au fil des semaines suivantes, après la Pentecôte, nous retrouvons ces mêmes disciples proclamant courageusement que le Christ est ressuscité, que c’est Lui qui donne tout son sens à leur vie… et qu’ils ont décidé de vivre de son message et de le partager à tous ceux qui l’attendent. Que s’est-il donc passé entre les deux ? Le tombeau vide ? non, cela ne prouve rien. Non, quelque chose leur a été donné alors qu’ils ne s’y attendaient ! Jésus a repris l’initiative dans leur vie. Sur la route d’Emmaüs, « le Seigneur s’est fait reconnaître à nous à la fraction du pain ». Voilà que se renouvelle aujourd’hui ce qu’ils ont vécu avant avec Jésus – très souvent et lors du dernier repas où il leur a partagé le pain, signe de sa vie donnée. Il est là, il refait ces mêmes gestes et leur dit les mêmes paroles : « la paix soit avec vous ! » Il est vivant, tout autrement, mais c’est un être de chair qui est devant eux, il mange avec eux … même si cela sera temporaire, car il repartira vers le Père lors de l’Ascension. Cela se passe plusieurs fois, avec Thomas par exemple qui veut être sûr que le Ressuscité dont parle ses compagnons n’est pas un fantôme. Il veut être sûr que le Ressuscité est le même que le Crucifié, il veut constater la trace des clous et il croit…

Oui, c’est bien le même Jésus, celui qui a osé porter nos souffrances, nos difficultés à vivre, celui aussi dont les paroles sont comme un feu. Comme avec les disciples d’Emmaüs, Jésus reprend toutes les Écritures pour les aider à comprendre comment Dieu agit avec lui et avec nous. Celui qu’il a envoyé ne pouvait pas être un Messie puissant à l’image de ce Dieu super-puissant que nous parfois en tête. Il a choisi d’être un Dieu-avec-nous, un Dieu qui créé et suscite la liberté des humains, un Dieu qui – le premier – nous aime et nous invite à aimer sans calculer, un Dieu qui fait au milieu de nous les signes du partage, qui ouvre nos intelligences … et un Dieu qui nous envoie partager cette Bonne Nouvelle : l’humain n’est pas voué à la mort définitive, il est fait pour la Vie, pour faire grandir la vie. A chaque ‘apparition’ du Ressuscité, il y a cet envoi : « À vous d’en être les témoins ». Et pourtant, la foi de ces femmes et ces hommes est encore faible. C’est en la partageant aux autres qu’elle grandira. Pas de preuve de la Résurrection mais plus qu’un indice : la vie des premiers ‘témoins’ a été complètement changée à partir de Pâques et ils passent le reste de leur existence à en témoigner.

« Le confinement à Pâques, ça n’a jamais marché ». Mais reconnaissons que ce n’est pas si simple pour nous qui avons toujours à consentir à ce que le mal et la mort n’aient pas le dernier mot. Reconnaissons que c’est encore plus compliqué dans cette période où un certain confinement social est de rigueur. Mais justement, ce témoignage des premiers chrétiens nous invite à avancer : au milieu de mille difficultés, ils nous disent que notre Dieu est toujours avec nous, qu’il nous invite à croire en nos capacités de grandir en humanité. Alors il vaut la peine :

* d’être attentifs à ce qui se passe en chacun de nous : comment cette période difficile nous renvoie à nos raisons de vivre, de croire ? dans un sens c’est un moment privilégié pour laisser ces questions faire leur chemin… et pour écouter Dieu nous parler au cœur. Nous sommes invités à « une foi modeste », mais une foi qui peut être lumineuse et susciter une manière neuve d’habiter le monde.

* de cultiver coûte que coûte ces liens qui nous gardent attentifs aux autres.

* de continuer à poser des actes qui disent que nous voulons mettre au centre celui-celle qui a le plus besoin de fraternité et de solidarité, sans se poser mille questions : comme ces jeunes qui, récemment, ont permis de sauver une famille dont l’appartement était en feu au Pin sec.

Jésus nous envoie partager cette Bonne Nouvelle : grâce à Dieu, l’humain n’est pas voué à la mort définitive, il est fait pour la Vie, pour faire grandir la vie. A chaque ‘apparition’ du Ressuscité, il y a cet envoi : « À vous d’en être les témoins ».

Bernard Ollivier


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