Chez des amis, K. jeune mineur migrant isolé… scolarisé, accueilli chez eux en semaine. Devant nous, il répond à un copain au téléphone : « Je suis dans ma famille ». Je me disais : « C’est fort quand des liens de fraternité se tissent comme ça, gratuitement, sans calcul, uniquement pour apporter un peu plus de bonheur et de confort à quelqu’un qui a traversé l’Afrique pour venir ici ».
Et la rencontre de l’autre se produit… sans questions inutiles sur son périple. Nous partageons un bon repas, nous parlons de foot, de vacances, de nos traditions respectives… et même de religions, la nôtre, celles qu’il a croisées, son attente de trouver des gens religieux dont les actes consonent avec les convictions affichées…
Nous lui disons que nous sommes tous des chercheurs. « C’est quoi vivre, c’est quoi aimer, c’est quoi trouver sa place dans la vie… et comment comprendre un Dieu qui s’intéresse à nous et nous soutient ? »
Et je pensais à cette rencontre de Nicodème avec Jésus que je venais de commenter lors de baptêmes : « Il te faut renaître, dit Jésus à celui qui croyait tout savoir, il te faut changer de logiciel… laisse-toi faire par l’Esprit qui souffle où il veut ». (D’après l’évangile de saint Jean chapitre 3).
La première chose à renouveler, c’est sans doute de savoir rencontrer l’autre, de consentir à l’approcher, de se laisser toucher par lui : ses attentes, les richesses de vie qu’il déploie dans des situations qui ne sont pas les nôtres. Rencontrer l’autre parce que c’est un frère que Dieu nous donne et c’est lui-même qui est là.
Ce Carême nous invite à « Tisser ensemble une terre solidaire ». Oser la rencontre et poser les gestes concrets qui sont à notre portée ne peuvent que nous élever ensemble et nous faire rejoindre la condition du Christ Serviteur : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » (Jean 10,18)