« Vous ferez quoi à Noël ? » Ma question porte aussi bien sur votre réveillon, sur vos cadeaux, sur vos vacances, que sur votre choix d’une cérémonie religieuse. Elle interroge les beaux projets qui vont vous sortir d’un quotidien lourd et angoissant !
Peut-être certains auront-ils un peu de mauvaise conscience ? « Comment vivre des moments de bonheur quand tant de gens sont malheureux ? ». Il est
vrai que, à trois heures de chez nous, il y a ces guerres atroces qui causent de vrais désastres, humains et matériels. Et plus près de nous, ici même à Nantes, la
pauvreté et la précarité ne relèvent pas que de l’imagination ! Alors, pourrons-nous fêter Noël de tout cœur et sans scrupule ?
Je réponds oui, sans hésiter et sans ignorer tous ces malheurs. Je vais, cette année encore, célébrer la venue du Sauveur, habité par tout cela. Pourrait-on d’ailleurs
penser que depuis deux mille ans, cette Bonne Nouvelle soit un jour tombée dans un monde paisible et sans nuage ?
Moi, j’en doute. Je crois plutôt que Noël, c’est une lumière vive envoyée à un monde qui ne va jamais très bien !
Fêter Noël ? Je sais trop que cette fête chrétienne est maintenant un événement du patrimoine mondial, célébré universellement ! Je pense plutôt : tant mieux !
Tout en désirant qu’on ne nous vole pas le message de Noël, si souvent dénaturé pour le folklore ou pour le commerce.
Je rêve qu’on n’oublie jamais que fêter Noël, c’est célébrer le Christ ressuscité, le Christ de Pâques, lui qui un beau jour, du côté de Bethléem est né d’une toute
jeune fille, appelée Marie. Avec toute la Tradition chrétienne, nous restons en adoration devant le mystère d’un Dieu fait homme. C’est proprement incroyable, et c’est pourtant notre foi !
J’aime me rappeler que, à Noël, on peut déjà relever la tête. Puisque Dieu croit assez en l’Homme pour se lier avec lui, alors tout n’est pas fichu. Au contraire ! Depuis longtemps s’est imprimé en moi le message porté par les homélies de Noël du pape saint Léon (au cinquième siècle !). Il disait : « Souviens-toi, ô homme, de ta dignité » ! Ce souffle de Noël a traversé tous les siècles pour venir
jusqu’à nous !
Ainsi, je sais où puiser l’énergie dont j’ai besoin pour ne pas désespérer, alors qu’il y aurait tant de bonnes raisons de perdre le moral ! Nous chrétiens, nous ne voyons pas l’avenir comme un désastre annoncé, mais plutôt comme
un accouchement pénible, porteur de la promesse d’une nouvelle naissance. Saint Paul nous dira : « Toute la Création gémit dans les douleurs d’un enfantement ».
Ajoutons que pour cela notre collaboration est attendue !
Alors, je n’oublie pas ma question : « Vous ferez quoi, pour Noël ? ». Ne pourrait-on pas, tous, essayer de vivre Noël un peu autrement, en ajustant au mieux nos actes et nos convictions ? Comment ? Je suis allé à la pêche aux
idées. Je vous livre ainsi, pêle-mêle, celles qu’on m’a glissées à l’oreille. Prenez-les si elles vous conviennent. Ou inventez-en de meilleures, pour peu qu’elles ne soient pas trop rabat-joie !
Voici ces idées : visiter les crèches et dialoguer avec les enfants ou les petits-enfants / choisir d’aller à une messe de Noël au milieu des festivités / inviter à sa table des personnes qui autrement seraient toutes seules / bien choisir les cadeaux, notamment en fonction de leur impact écologique / limiter les dépenses et envoyer la part économisée à des familles palestiniennes en détresse / aller servir le réveillon de Noël avec les petits Frères des Pauvres / se réconcilier avec quelqu’un après une brouille / visiter des proches ou des voisins trop seuls / envoyer un message à des détenus, par le canal de l’ACAT.
Voilà quelques idées pour Noël … des idées qui pourraient rester valables toute l’année !
Joyeuses fêtes à vous tous, à vos familles et à vos proches.
Gilles Priou