Le soir de Noël, le regard des enfants nous a aidés à travers un conte. Comme toujours, ils posent des questions, ils alertent leur père et l’aubergiste sur « cette dame venue du Nord pour le recensement » : elle va accoucher. Et puis ils entraînent ces adultes à trouver une solution avec eux : « et si tu les mettais dans l’étable… » Et le lendemain venu, ils se préoccupent de l’enfant nouveau-né. Et c’est là que le monde se met à changer : le figuier presque mort que le bûcheron voulait supprimer redonne des fruits : « il est revenu à la vie en même temps que naissait cet enfant… qui s’appelle Jésus. C’est le début d’une grande histoire ! » Les gens vont pouvoir re-goûter à la vie ! L’espérance est à nouveau au rendez-vous !
En ces temps de Noël et d’Épiphanie, que pouvons-nous dire chacun d’une espérance au rendez-vous ? Nous savons bien qu’il ne faut pas répondre trop vite. Sans doute qu’il nous faut commencer par regarder en face ce qui peut nous inquiéter ou même nous désespérer… non pas pour en rester là, mais pour avancer ensemble. Qu’est-ce qui peut nous faire re-goûter à la vie ? Et si notre foi au Christ, petit enfant de Bethléem, nous y aidait !
Le soir de Noël, nous avons chanté : « Regardez l’humilité de Dieu ». Cela me fait penser à Christian Bobin décédé le 25 novembre dernier. Ce grand poète de la vie et de la foi nous dit ceci : « À Noël, je vois venir à ma rencontre un nouveau-né qui, déjà, est mon maître. Un enfant qui va me donner à manger comme on donne à manger à un nourrisson. Un enfant qui va m’apprendre des vérités élémentaires et pourtant tellement essentielles. Il va m’apprendre que d’un côté il y a les stratégies, les calculs, la force la puissance, l’argent, la jalousie. Et que, de l’autre, il y a l’attention à l’autre, l’oubli de soi, le don, l’ouverture, la bonté ». Chaque jour nous avons effectivement à choisir entre la puissance qui s’impose et la bonté. La bonté qui ouvre notre regard et nos mains aux autres.
C’est souvent sans bruit : alors je pense à ces enfants rassemblés dans diverses célébrations de leur école début décembre. Ils ont dit leur désir d’être vraiment citoyens dans ce monde, ils ont partagé leur goût de faire fleurir la vie dans leur école. Et aussi ces enfants de l’ACE qui ouvrent nos yeux sur les beautés de ce monde… sans oublier qu’il y a des choses moches à transformer ! Je pense à ces familles qui au fil des événements de la vie – pas tous simples – cherchent à renouer les liens et profitent de ces temps de fête pour s’écouter autrement, s’expliquer quand il le faut pour continuer le chemin ensemble. Je pense à ces gestes d’attention envers des jeunes et des fois des familles entières qui émigrent chez nous… Ils sollicitent notre attention, ils nous invitent à chercher avec d’autres et avec eux ce qui pourra les aider à avancer vers une vie digne. Ils nous apportent du neuf dans leur regard sur ce monde qui peut choisir d’être fraternel au lieu de faire la guerre et de se refermer sur ses sécurités. Ils nous invitent à dire concrètement quelle société nous voulons construire avec eux. Ils ne viennent pas du Nord de la Palestine comme Marie et Joseph, mais du Sud : mais ils sont dans la même situation : « pas de place pour eux… » – « et si nous les mettions au chaud quelque part », nous disent les enfants … pour continuer ensuite, avec des associations, à les aider, sans oublier de plaider leur cause auprès des pouvoirs publics. Car il ne s’agit pas de mettre des crèches dans les mairies en oubliant d’accueillir ceux qui sont à la rue ! Et là je pense à des liens très concrets du Pôle Solidarité de notre paroisse avec des associations de solidarité.
Alors écoutons notre évêque nous dire : « Contemplons l’Enfant nouveau-né : Il nous invite à ne pas nous laisser prendre dans le déferlement bruyant des événements qui nous assaillent, mais à nous rappeler que l’amour pour lequel il donnera sa vie, s’il ne fait pas de bruit, a la force de réparer les injustices, de panser les blessures et de mettre fin à la guerre » (Laurent Percerou).
Avec vous, je crois que c’est à ce prix que l’espérance peut naître et renaître ! Pour notre part, elle s’enracine dans ce Dieu humble de la crèche, des routes de Palestine, de la croix puis de la Résurrection ! Grâce à ce Dieu, l’espérance est toujours au rendez-vous !
De la part de l’Équipe pastorale et de l’Équipe d’animation de la paroisse : Bonne année 2023 !