Que se passe-t-il en temps normal dans les rues de nos quartiers le dimanche matin ? Les plus matinaux sont souvent ceux qui accompagnent la première sortie du chien ! Les suivants se dirigent vers la boulangerie pour rapporter les croissants chauds à toute la famille ! Il y a aussi les sportifs qui font leur jogging, on en voit beaucoup autour du parc du Grand Blottereau ! Et puis, vers 10h00 ou 11h00, il y a les chrétiens qui se rendent à l’église. Eux aussi, ils ont besoin de se rassembler, de faire l’expérience d’une communauté et de manifester leur existence, tant il reste vrai, même en période de Covid, et malgré lui, que sans visibilité, on n’existe pas. Et c’est vrai particulièrement pour l’Église, ce qui n’est pas sans poser question aujourd’hui.
La première lecture de cette fête de la Toussaint : un extrait de l’Apocalypse, nous donne précisément une description grandiose de la « foule immense », rassemblée autour du « Trône de l’Agneau », autrement dit, autour du Christ. Foule de « sauvés », foule de saints que nous fêtons aujourd’hui. Cette « foule immense », ce sont celles et ceux qui, d’une manière consciente ou pas, ont cherché à réaliser la proposition de Bonheur de Jésus de l’Évangile des Béatitudes.
Parmi tous ces saints, il y a sans doute nos frères et sœurs défunts, toutes ces personnes que nous avons connues, aimées, et admirées. Qu’on le veuille ou non, la fête de la Toussaint, c’est aussi la leur. Encore aujourd’hui, pour un certain nombre de familles, l’après-midi de la Toussaint est consacrée à la visite des cimetières. D’ailleurs, la municipalité renforce spécialement en cette période l’accueil dans les quinze cimetières nantais. On a à cœur de déposer sur les tombeaux ou près de l’urne, de nos êtres chers, un pot de chrysanthèmes ou autres, pour leur montrer qu’on ne les oublie pas, on veut leur rendre hommage pour tout ce qu’ils nous ont apporté au cours de leur passage sur la terre. Remarquez bien, au cours de chaque messe, pendant la prière eucharistique, après la consécration, on fait toujours mémoire dans la foulée et des saints et de tous les défunts. La grande communion offerte par Dieu est une force de rassemblement, et on peut légitimement penser que tous nos défunts ont rejoint l’immense cortège de tous les saints.
On pourrait encore aller plus loin, et affirmer que même les vivants, font partie de cet immense cortège de tous les saints. Ça peut nous étonner, parce que nous expérimentons que nous-même, nous avons des défauts, des limites, nous faisons des actes manqués, des péchés et nous savons bien que la perfection n’est pas de ce monde. Seul Dieu est parfait. Pour comprendre cela, il est nécessaire de se référer à la deuxième lecture que nous venons d’entendre : l’extrait de la première lettre de saint Jean : « Mes bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes-… Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ». C’est Dieu qui veut faire de nous des saints, en nous adoptant comme ses enfants. Il faut absolument extraire de notre tête cette idée que les saints sont des gens parfaits. On ne le dira jamais assez : si l’Église a déclaré saintes certaines personnes, c’est parce qu’elles ont su traduire dans leur vie le commandement de l’amour qui est au cœur de l’Évangile, et qu’elles ont placé toute leur espérance dans le Christ Sauveur. « Elles ont traversé l’épreuve », elles se sont laissé purifier par le Christ.
Regardez les Béatitudes : Jésus déclare bienheureux ceux qui sont pauvres, ceux qui sont doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui sont sur le chemin du pardon et qui font acte de miséricorde, ceux qui ont le cœur pur, sans calcul ou ressentiment, ceux qui agissent pour la paix, ceux qui sont persécutés. Et on peut ajouter d’autres béatitudes : heureux ceux qui prennent au sérieux la parole du Christ et qui la mettent en pratique, heureux ceux qui voient ce que les apôtres voient, ceux qui entendent ce que les apôtres entendent, heureux ceux qui croient sans avoir vu, heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent…
La sainteté est ce chemin et cette grâce qui nous configurent progressivement au Christ. Tout ce qui fait notre vie, y compris les épreuves (« heureux ceux qui pleurent »), peut trouver sens à la lumière du Christ, lui qui a vaincu la mort et le mal sous toutes ses formes. Malgré tout ce qui peut nous arriver, malgré nos souffrances, nos échecs, nos péchés, nous sommes aimés de Dieu, aimés sans mesure, et c’est cet amour de Dieu qui nous rend saints. Pour les chrétiens, l’objectif c’est la sainteté, à comprendre comme la réalisation pleine du potentiel de notre humanité selon le dessein de Dieu. Voyez, la barre n’est pas si haut que cela. Nous ne sommes pas mis en demeure d’être des gens parfaits. Nous sommes tout simplement appelés par Dieu à réaliser dans nos vies quotidiennes, l’ambition qu’il a pour chacune et chacun d’entre nous. Alors, mes amis, vivons en enfants de lumière, continuons à vivre ces Béatitudes, et nous serons saints, comme Dieu le veut pour nous. Bonne fête à tous les saints, bonne fête à tous nos défunts. Bonne fête à chacune et chacun d’entre nous !