Nous sommes dans l’entre-deux : entre le confinement qui nous a éprouvés pendant des semaines et ce dé-confinement progressif… et aussi entre Pâques et Pentecôte : cette période nous fait prier l’Esprit du Ressuscité pour qu’il nous donne la force de reconstruire autrement et de témoigner.
L’apôtre Paul écrit aux chrétiens d’Éphèse : « Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ vous donne un esprit de sagesse… Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel …et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts. » (seconde lecture de ce jour). Et les envoyés de Dieu de bousculer les disciples : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »
C’est bien notre terre qu’il s’agit de reconstruire. Cela va nous demander beaucoup de courage au-delà des bla-bla inévitables. Ce sont des actes courageusement et progressivement posés qui diront si oui ou non nous avons l’intention de faire toute leur place aux plus démunis et avec eux. Ces derniers sont déjà dans d’énormes difficultés pour survivre. Les files s’allongent dans des lieux comme la Croix Rouge et les Restaurants du cœur. Le Pôle Solidarité de la paroisse aura à se rencontrer dans la deuxième semaine de juin pour nous réveiller ensemble à ces besoins immenses. Nous aurons à y répondre, bien sûr en lien avec les autres dispositifs mis en place dans notre ville. C’est le pape François qui le jour de Pâques écrivait aux mouvements populaires : « Sans doute est-il temps de penser à un salaire universel qui reconnaisse tâches irremplaçables que vous effectuez, un salaire capable de garantir et de faire de ce slogan, si humain et chrétien, une réalité : pas de travailleur sans droits. »
Il nous faudra alors accepter d’être de « modestes réparateurs », comme l’écrit Véronique Margron. Et pour cela, continue-t-elle « Se mettre à l’école de ‘l’envers du monde’. Alors aujourd’hui plus encore sommes-nous conviés avec force à apprendre des ‘premiers de tranchée’ tout autant que des ‘premières lignes’. Renoncer aux certitudes, aux idées toutes faites, aux prétentions faciles…Nous éclairer alors, modestement, tâtonner tous, quitter toute superbe, car que ‘les choses continuent comme avant, voilà la catastrophe’. » Elle appelle à « notre sollicitude effective avec toutes celles et tous ceux qui sortent exsangues – pauvreté, violence, isolement, deuil…- de ce temps de cassure ». Il est temps, comme elle le dit « d’être de modestes acteurs de liens, de cohésions, de reconnaissance. »
Témoigner. Dans la lecture de dimanche dernier, l’apôtre Pierre nous disait : « Soyez prêts à tout moment à rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. » Respect, parce qu’il nous faut d’abord écouter ceux avec lesquels nous cheminons : eux aussi cherchent ce qui leur donnera sens et courage de vivre, qu’ils soient dans la foi chrétienne ou non… Douceur, parce qu’il n’y a rien de pire que le prosélytisme qui se targuerait de posséder et d’imposer la vérité… Vérité que nous ne possédons pas, mais vers laquelle nous marchons ! Cet appel à témoigner se concrétise d’abord par des actes. Les paroles ne seront parlantes que si elles sont en cohérence avec ces actes… Humbles actes qui osent reconstruire ensemble et faire confiance … Humbles paroles qui balbutient la foi dans le Ressuscité. Humbles actes dont nous pouvons dire qu’ils sont inspirés par lui.
L’Esprit du Ressuscité nous donne son énergie, sa force, sa lumière et sa sagesse, nous dit saint Paul. Cet Esprit enracine notre espérance dans le parcours humain du Christ Serviteur. Il l’a dit lui-même à ses disciples et il nous le dit : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »