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Bâtir des ponts

Un grave incident a bouleversé la vie du Centre socio-culturel du quartier de Malakoff le dernier dimanche d’août. Le matériel a été saccagé, une partie du Centre incendiée condamnant ainsi à la fermeture cet espace pour tous. Les animateurs de cet équipement ont été profondément choqués par cet acte de violence gratuite, et, avec eux, nombre d’usagers et d’habitants du quartier. Comment de tels actes sont-ils possibles ? Pourquoi se déchaîner ainsi sur un moyen au service de tous ? Ces interrogations sont celles aussi des acteurs associatifs de ce quartier qui œuvrent au quotidien dans un travail patient et passionnant d’accueil, d’accompagnement, d’animation et d’entraide sociale. L’évènement n’a démobilisé personne quand, quelques jours après, un « rassemblement pacifique » a été organisé condamnant de tels actes, exprimant aussi la détermination des responsables sociaux à rester mobilisés auprès des habitants de ce quartier pour l’accueil et dans l’animation. Un certain nombre de chrétiens, jeunes et adultes, de notre paroisse habitent Malakoff certains sont d’ailleurs usagers de ce centre. Ces liens nous ont permis de dire notre solidarité et d’ouvrir nos salles paroissiales pour accueillir une activité pour les seniors.

Un tel évènement ne peut pas laisser notre communauté chrétienne indifférente. Nous nous sentons solidaires de ceux qui vivent et travaillent dans ce quartier. Nous interrogeons : quel signe sommes-nous et voulons-nous donner à voir dans de telles circonstances, mais plus largement, dans la vie de ce quartier ? Céderons-nous à la méfiance ou à la stigmatisation ambiante ? Oserons-nous une parole, un geste, un engagement qui dit, au nom de l’Évangile du Christ que tout homme quelles que soient son origine ou ses appartenances culturelles ou religieuses est aimé de Dieu, que la fraternité entre les hommes n’est pas une utopie mais Le Projet de Dieu ? Dans le Projet pastoral de la paroisse nous affirmons : « La vitalité de notre communauté chrétienne est liée au dynamisme que nous entretenons avec un environnement précis : les quartiers, les réalités sociales, culturelles et économiques. Nous sommes partenaires de tous les hommes de bonne volonté. »

Aujourd’hui, des sociologues et des acteurs sociaux s’interrogent légitimement devant la réhabilitation de ces quartiers : « Mettra-on l’argent seulement dans le béton ou bien dans l’humain ? » Les quartiers populaires ne sont pas que « des problèmes »; ils sont riches et dynamiques de leur diversité culturelle et religieuse, de leurs réseaux associatifs et solidaires. Quelle part la communauté catholique de Sainte-Marie-de-Doulon prend-elle pour être présente et agir avec ceux qui vivent et travaillent dans ce quartier ? Comment accueillons-nous la réalité de ces quartiers sur notre paroisse en contribuant, pour notre part, à créer du « lien social » par notre investissement pastoral invitant peut-être aussi à dépasser des préjugés ou des peurs ?

Déjà le futur pont « Éric-Tabarly » indique un passage devant le quartier de Malakoff, devant la future « Maison de quartier »… tout un symbole ! Et si la vocation et la mission de l’Église c’était de bâtir des ponts entre les hommes ! Dans notre Projet pastoral nous nous engageons à construire davantage de « ponts » avec les jeunes, avec les migrants et avec les croyants de l’Islam pour mieux se connaître et s’aider à être acteurs ensemble d’un Monde Nouveau.

Bruno Delaunay


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