Dimanche 25 avril 2010
Journée Mondiale de prière pour les vocations
Une fois n’est pas coutume, c’est pourquoi j’aimerais donner à l’homélie de ce dimanche une tonalité de témoignage, en cette « Journée mondiale de prière pour les vocations », en cette année aussi du « sacerdoce ». Permettez-moi donc de vous partager un peu de la joie que j’ai à vivre le ministère de prêtre depuis bientôt dix ans. D’ailleurs, je crois que, plus que des discours ou des campagnes publicitaires sur les vocations, nous aurions intérêt à nous partager davantage ce qui nous fait vivre et nous rend heureux dans nos appels et nos missions respectives comme prêtres, diacres, religieux, religieuses, laïcs… n’est-ce pas dans ce partage que l’on peut faire naître aussi chez d’autres le goût de répondre à un désir, à un appel ? Au début de mon propos je voudrais reprendre ces mots du Concile Vatican II à propos du ministère des prêtres : « Pris du milieu des hommes et établis en leur faveur des hommes… les prêtres vivent avec les autres hommes comme avec des frères. C’est ce qu’a fait le Seigneur Jésus… Ils ne pourraient être ministres du Christ s’ils n’étaient témoins et dispensateurs d’une vie autre que la vie terrestre, mais, ils ne seraient pas non plus capables de servir les hommes s’ils ne restaient étrangers à leur existence et à leurs conditions de vie ». C’est dans ce souffle de Vatican II que je veux me situer, partageant le ministère des prêtres, en communion avec notre évêque, au service d’un peuple, celui qui vit dans ce diocèse de Nantes. Ma joie ? Je la puise dans mon ministère ordinaire comme un compagnonnage avec le Christ, un compagnonnage avec différents acteurs de la mission, un compagnonnage de proximité.
Dans un compagnonnage avec le Christ : à la source de l’appel qui me tient là il y a cette amitié avec le Christ. Elle a toujours été présente dans mon existence. L’image du « Bon Pasteur » qui s’est mêlé à la vie des hommes, qui a donné sa vie, qui a été à la recherche de la brebis perdue… cette image est à la source de l’appel que j’ai pu reconnaître et elle continue de me faire vivre et de susciter en moi le désir de partager la mission du Ressuscité. J’ai toujours été fasciné dans l’Évangile par « ce Christ » qui se laisse approcher, qui se laisse changer même par la foi des païens, j’aime sa manière d’être et de faire quand il écoute, appelle et relève. Dans la prière et la fréquentation des évangiles j’essaie de nourrir et de ressourcer chaque jour cette amitié. Aussi dans la célébration de l’eucharistie j’aime recueillir dans sa prière à Lui, la grande prière de l’Église et de tous les hommes qui, parfois sans le savoir, travaillent, prient, espèrent et souffrent pour l’avènement du Royaume de Dieu.
Compagnonnage avec différents acteurs de la mission : le Concile Vatican II ne parle jamais « du prêtre » au singulier, mais « des prêtres » au pluriel. Un prêtre seul n’a pas de sens ! Je trouve ma joie aujourd’hui dans cette collaboration avec mes frères prêtres, mais aussi, avec de nombreux laïcs avec lesquels nous exerçons désormais la charge pastorale. Dans les mouvements ou les aumôneries de jeunes en particulier je me suis souvent situé en accompagnateur de jeunes ou de moins jeunes responsables. Les prêtres ne sont plus désormais les seuls responsables de toute la mission. Leur mission d’accompagnement les recentre davantage dans un travail d’appel, de discernement, de relecture, d’annonce de la Parole, de communion et d’envoi. Je trouve beaucoup de joie à aider notamment des plus jeunes à grandir et à prendre des responsabilités dans leur milieu de vie et dans l’Église. Dans ce compagnonnage je suis aussi l’heureux témoin du travail de l’Esprit quand un appel et une mission font grandir une personne dans sa relation au Christ et son désir de le servir !
Compagnonnage en proximité : en choisissant de vivre le ministère de prêtre diocésain, j’ai toujours désiré vivre cette présence du Christ au plus près de ce qui fait la vie des gens. J’aime ce ministère ordinaire, tous terrains, qui me met en contact avec des situations de vie et des situations de la vie si diverses. J’ai bien conscience que la diminution du nombre de prêtres ne nous permet plus de vivre cette proximité comme avant. Je tiens cependant à la vivre dans une présence « hors les murs » de l’Église, si tant est que l’Église ait des murs, dans des engagements avec ceux qui travaillent et servent pour la cause des hommes et qui ne partagent pas nécessairement notre foi chrétienne. Dans ces espaces, je suis aussi l’heureux témoin du génie de l’Esprit qui travaille « hors les murs » ! Il ne faudrait surtout pas que la raréfaction des prêtres, le resserrement de nos communautés chrétiennes et de nos mouvements replient l’Église sur elle-même. Sans cette attention à la vie et aux aspirations profondes des hommes et des femmes de son temps, l’Église ne serait plus fidèle à sa mission qu’elle reçoit du Christ !
Alors, avec vous, je demande dans ma prière :
-De ne jamais m’habituer aux paroles et aux gestes que je pose dans mon ministère au nom du Christ. Ce que, comme prêtres, nous accomplissons par nos mains n’est pas l’œuvre de nos mains !
-De rester toujours préoccupé, hanté même, par le désir d’aller vers ceux qui sont plus loin de nos réseaux d’Église… peut-être est-ce nous, d’ailleurs, qui sommes loin d’eux ? Ne pas rechercher à faire du nombre mais à vivre une présence d’Évangile qui fasse vraiment signe auprès de ceux qui sont plus loin et plus fragiles dans notre société.
Quand on aime le Christ, quand on aime la vie, quand on aime les personnes, il y a vraiment du bonheur, je peux en témoigner, à être prêtre aujourd’hui pour veiller sur la semence et la croissance de la Parole !
Bruno Delaunay