« L’événement sera notre maître intérieur », telle était la conviction d’Emmanuel Mounier, philosophe du 20e siècle. En cette période de rentrée, il ne manque pas d’événement à accueillir : dans la vie personnelle, dans la vie sociale, dans la vie d’Église.
Les événements -choisis ou non- nous obligent souvent à reconsidérer nos choix, nos manières de vivre et de penser.
Dans la vie sociale : je pense bien sûr à ce qui s’est passé sur certains quartiers de notre agglomération début juillet. » Face à une telle désolation, disait quelqu’un, j’ai pleuré avec des personnes qui ont vu partir le fruit de leur travail, leur raison de vivre, les lieux de relations s’évanouir en une seule nuit de violences. Avec d’autres personnes, je me suis interrogée : pourquoi ? Pourquoi s’attaquer à ces lieux nouvellement aménagés pour le service de la population et le bien de tous ? ?… En « étant avec », nous n’avons pas fait que pleurer et nous désoler, nous avons vu beaucoup d’élans de solidarités. À Malakoff, des personnes s’entraident. Ce jour même, des lieux sont trouvés pour que les associations puissent continuer pendant les vacances. Deux écoles ont ouvert leurs portes, Nantes Métropole Habitat a mis trois logements à disposition. Sur les vitres de la boulangerie qui a aussi reçu des impacts, des dessins d’enfants ont été placardés avec des mots disant combien ils aiment leur quartier, surtout la bibliothèque, qu’ils ne veulent plus revoir des voitures brûler devant chez eux, ça fait trop mal… d’autres ont fait le tri dans leurs livres pour donner à la bibliothèque ».
Ces événements ne peuvent que mettre en valeur le travail habituel des diverses institutions dans la ville et sur nos quartiers pour qu’il y ait un véritable accès au logement, à la culture et à l’emploi… pour que des gens aient des raisons de penser qu’ils ne sont pas ‘rien’ ! Cela rappelle aussi le travail indispensable des diverses associations où des salariés et des gens de nos quartiers prennent des responsabilités, passent du temps et révèlent des dons au service des autres.
Ce que, modestement, nous « amis de Saint-Marc », faisons dans le collectif Vivre ensemble à Malakoff restera essentiel ! Et nous en reprenons le chemin dès le 6 septembre.
Le même E. Mounier disait : « Nous ne nous engageons jamais que dans des combats discutables sur des causes imparfaites. Refuser pour autant l’engagement, c’est refuser la condition humaine ». Sur quel chantier je vais plus m’engager cette année, sachant que j’y connaîtrai des limites, à commencer par les miennes ?
Dans la vie d’Église : je pense aussi à cet appel pressant que nous entendons souvent : savoir vraiment s’accueillir dans nos groupes et communautés d’Église : cela commence dans un groupe de catéchisme, dans un groupe de parents au KTD (caté-dimanche), dans un mouvement, dans nos services d’Église qui ont toujours à se renouveler et, bien sûr, dans nos églises. L’équipe d’animation de la paroisse propose de travailler cette question cette année. L’enjeu est que tous et chacun se sentent attendus, accueillis… car – comme nous le chantons parfois – « Dieu est en attente, sa maison est un lieu pour la paix… » Nos quartiers voient leur population changer assez rapidement : à Nantes, un habitant sur dix est nouveau chaque année. Comment mieux s’accueillir y compris dans notre Église ? Comment ne pas rester sans cesse entre gens connus ? Comment dire aux nouveaux que nous les attendions et qu’ils pourront – à leur rythme bien sûr – prendre toute leur place dans la communauté chrétienne et y apporter du sang neuf ? C’est ce que nous leur dirons lors des verres de l’amitié qui seront partagés après les messes du 15 septembre à Saint-Jean-Baptiste, du 16 à Saint-Médard et du 23 à Notre-Dame-de-Toutes-Aides et Saint-Marc. Chaque personne que je rencontre est ‘événement’ dans ma vie : « Dans celui que j’accueille, il y a Dieu, il y a aussi sa recherche de Dieu que j’essaie de rejoindre ».
Bonne rentrée à tous !