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Sur le chemin du serviteur

À l’heure où j’écris cet éditorial, l’automne se déploie dans toute sa splendeur. Oui, nous sommes invités à admirer ce qui est beau dans notre monde et notre humanité et à en rendre grâces à Dieu. Cela ne nous empêche pas de porter sur ce monde un regard de lucidité et d’en tirer des conclusions pour notre vie de tous les jours. Le 17 octobre, c’est la Journée mondiale du refus de la misère née de l’initiative du père Joseph Wresinski « pour faire entendre la voix des plus démunis et mobiliser citoyens et responsables publics. »

Et au cœur du mois de novembre, le dimanche 19, le pape François place la Journée mondiale des pauvres. Il écrit :  » La pauvreté a le visage de femmes, d’hommes et d’enfants exploités pour de vils intérêts, piétinés par des logiques perverses du pouvoir et de l’argent. Quelle liste impitoyable et jamais complète se trouve-t-on obligé d’établir face à la pauvreté fruit de l’injustice sociale, de la misère morale, de l’avidité d’une minorité et de l’indifférence généralisée !.. Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat à faire une fois la semaine, ou encore moins de gestes improvisés de bonne volonté pour apaiser notre conscience. Ces expériences, même valables et utiles pour sensibiliser aux besoins de nombreux frères et aux injustices qui en sont souvent la cause, devraient introduire à une rencontre authentique avec les pauvres et donner lieu à un partage qui devient style de vie. »

Nous avons besoin de ré-entendre ces paroles fortes qui nous viennent de l’Évangile. Nous pensons que c’est notre société entière qui a à travailler pour que tous aient leur part : « une terre, un toit, un travail » comme le dit souvent François. Et c’est bien aux institutions de notre pays de faire en sorte que cela se réalise. Cela n’avance pas vite. Nous avons avec nos associations à rester vigilants et actifs à ce sujet.

Des personnes avec moins de 500 euros par mois, des personnes qui espéraient se former à la faveur d’un emploi aidé, nous en connaissons …

François voit bien  » l’opposition entre les paroles vides qui sont souvent sur nos lèvres et les actes concrets auxquels nous sommes au contraire appelés à nous mesurer ». Chacun de nous peut faire quelque chose de concret, poser quelques actes qui apportent du neuf et permettent à des gens d’espérer : accompagner une personne dans une démarche administrative compliquée, ouvrir son logement à une personne isolée (dans un cadre précis avec Welcome ou la Pastorale des migrants), accompagner des gens dans la recherche de formation ou d’emploi, accompagner des enfants Roms pour un soutien scolaire, être attentif et agissant avec sa vieille voisine qui a de sérieux problèmes de santé, écouter celui ou celle qui ‘crève’ de solitude, et lui proposer de se ‘bouger’ avec d’autres, etc … etc … « Nous mesurer » : c’est bien cela le défi … qui peut paraître redoutable, car nous ne sommes jamais à la hauteur … mais nous osons chercher à être intelligents ensemble et ainsi réveiller la bonté qui existe chez nous tous … quelque part.

Le pôle solidarité de la paroisse a l’ambition de recueillir ces actes de proximité et de solidarité, de les susciter, de les coordonner si besoin ; il veut permettre de nous tenir éveillés, de relire de temps en temps avant de repartir sur le chemin du Christ Serviteur « dans la joie de l’Évangile. » Notre pape souhaite que nous œuvrions « pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète » et aussi que nous fassions en sorte que les plus « pauvres » se sentent invités à nos eucharisties. Alors, comme le chante Laurent Grzybowski, « Le livre des visages rencontrés,/C’est comme un ciel rempli d’étoiles visitées. »

Bernard Ollivier


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