Quelques jours après les attentats de Paris, les parents ayant un enfant qui se prépare à la première des communions étaient réunis à la maison paroissiale.
Au terme de la rencontre j’ai posé cette question : pensez-vous qu’il y ait un lien entre les événements que nous vivons et la communion de vos enfants ?
Silence… « Non »… « oui »… « ce que nous faisons là c’est l’antithèse de ce qui s’est passé ! »
Vivre la communion… vivre la fraternité.
Les chrétiens, riches de l’Évangile, de la Tradition de l’Église, ne sont pas démunis face à la violence qui se déchaîne. Le troisième terme de notre devise républicaine, la fraternité, n’ouvre t-elle pas une voix directement issue de la sagesse chrétienne ?
Le 8 décembre prochain, en la solennité de l’Immaculée Conception, le pape François ouvrira l’année jubilaire de la Miséricorde. Qu’est-ce que la miséricorde ? Des chrétiens se sont risqués à répondre : « Pardon, compassion, misère, amour, pitié, paix, soutien, bienveillance… »
J’aime aussi cette définition de la miséricorde que des chrétiens de Saint-Nazaire m’avaient apprise en mes jeunes années de ministère de prêtre : « Le cœur de Dieu qui se penche sur la misère de l’homme ». J’aime le mouvement qui est contenu dans cette définition : se pencher vers, se tourner vers, se mettre à portée… Sur qui, sur quoi je me penche, par amour ?
Le premier, Dieu s’est penché sur notre misère.
C’est Jésus. En Jésus Dieu se penche sur notre misère, il la transfigure. Il se livre, en se penchant. Il attaque le noyau du mal et de la mort qui réside en nos cœurs, cachant la lumière que Dieu y a placée.
Se pencher sur la misère est le « mouvement » de Dieu, c’est-à-dire l’acte qui va aux racines du mal. Nous avons pleuré avec ceux qui ont été victimes. Nous devons soutenir ce qui est juste dans la lutte de notre pays contre le terrorisme et ses conséquences. Nous devons également nous pencher sur les causes : le terrorisme ne tombe pas du ciel, il est l’aboutissement de processus d’exclusions et d’injustices, ici et sur le plan international. Il est aussi, selon les responsables musulmans eux-mêmes, issu d’une compréhension erronée de l’Islam.
Sur quoi doit se pencher une paroisse pour vivre dans nos quartiers la fraternité, et œuvrer à la justice ? Se rencontrer, se connaître, faire disparaître les peurs, travailler à ce que tous les enfants, les jeunes, quel que soit le quartier de ville où ils habitent, aient des possibilités identiques de culture, de travail, d’avenir. Travailler à ce que les gens se connaissent, se rencontrent, s’apprécient, vivent ensemble.
Penchons-nous sur nos frères puisque Dieu s’est penché sur nous. La miséricorde démasque le mal qui se tient dans le cœur. Elle le chasse.
C’est l’Avent. Réveillons-nous !
C’est Noël : Jésus est la miséricorde de Dieu.
Daniel Orieux, curé de Sainte-Marie-de-Doulon