En ce début du mois de septembre, mois de la création, je vous propose ce passage de la Sagesse qui m’a beaucoup touché. Il nous fait découvrir jusqu’où l’Amour de Dieu est présent dans la Création, et pour nous-mêmes.
Un texte qui m’a surpris, par sa réalité, son actualité, sa modernité où l’Artisan, dans la durée, donne vie à de multiples espèces vivantes sur notre terre, et jusqu’où le Créateur va jusqu’à pardonner à l’homme ébloui, parce qu’il n’a pas vu la main de Dieu dans ses multiples créations.
Livre de la Sagesse 13, 1-9 Sa date probable 1° siècle av. J-C.
Sans doute le dernier des écrits de l’Ancien Testament.
« De nature, ils sont inconsistants, tous ces gens qui restent dans l’ignorance de Dieu: à partir de ce qu’ils voient de bon, ils n’ont pas été capables de connaître Celui qui est ; en examinant ses œuvres, ils n’ont pas reconnu l’Artisan. Mais c’est le feu, le vent, la brise légère, la ronde des étoiles, la violence des flots, les luminaires du ciel gouvernant le cours du monde, qu’ils ont regardés comme des dieux. S’ils les ont pris pour des dieux, sous le charme de leur beauté, ils doivent savoir combien le Maître de ces choses leur est supérieur, car l’Auteur même de la beauté est leur créateur.
- Et si c’est leur puissance et leur efficacité qui les ont frappés, ils doivent comprendre, à partir de ces choses, combien est plus puissant Celui qui les a faites. Car à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur.
- Et pourtant, ces hommes ne méritent qu’un blâme léger ; car c’est peut-être en cherchant Dieu et voulant le trouver, qu’ils se sont égarés : plongés au milieu de ses œuvres, ils poursuivent leur recherche et se laissent prendre aux apparences : ce qui s’offre à leurs yeux est si beau ! Encore une fois, ils n’ont pas d’excuse. S’ils ont poussé la science à un degré tel, qu’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert plus vite Celui qui en est le Maître ? » (Prions en Église du 17 novembre 2023.)
Qu’en dit Christophe de Dreuille, prêtre du diocèse d’Aix-Arles ?
L’homme a déployé de multiples moyens pour appréhender le monde, pour le comprendre, pour en chercher l’organisation et la signification.
Il peut le faire par la science, par la réflexion philosophique, par l’attention à la beauté même des créatures. Cette recherche reste inachevée, incapable d’aboutir, si elle ne remonte pas jusqu’à la source, jusqu’à l’origine de toute chose. C’est tout l’enjeu de la Révélation biblique que de montrer à l’esprit humain comment il peut, à partir des créatures, aller jusqu’à découvrir leur Auteur.
- La Sagesse biblique guide ainsi les hommes dans leur quête, en leur révélant l’Artisan de toutes choses, en les invitant à connaître Dieu, le Créateur, à partir de son œuvre, à remonter ainsi de ce qui est visible, perceptible, à ce qui est invisible, hors de notre maîtrise, mais qui donne sens à tout le reste. « La nature devient alors un Évangile qui nous parle de Dieu » selon la formule de Jean-Paul II.
- La mission de la Sagesse consiste en définitive à nous ouvrir à la contemplation de Dieu, en nous émerveillant des œuvres qu’il a déployées, de leur multitude, de leur harmonie, de leur beauté. La contemplation consiste à ne pas limiter notre regard sur les choses, sur les réalités, en les réduisant à leur seule utilité ou à leur efficacité immédiate. Mais à s’attacher à ce qu’elles révèlent de la beauté même de Dieu, de la cohérence et de la grandeur de son projet créateur. « Il existe un message divin, secrètement inscrit dans la création et signe de la fidélité amoureuse de Dieu qui donne à ses créatures l’existence et la vie, l’eau et la nourriture, la lumière et le temps » commente le pape Benoît XVI.
- La pédagogie de la « lectio divina » nous initie à ce grand mystère de la contemplation. Après avoir écouté Dieu qui nous parle et avoir médité sa Parole, après avoir répondu à ce Dieu par notre propre parole, nous pouvons entrer dans la contemplation.
- Il s’agit simplement, dans le silence, de rester en présence de Celui qui s’est rendu proche. Il s’agit de nous attacher à la beauté de Celui qui nous parle, de nous émerveiller de cette présence amoureuse de notre Dieu. Il veut en effet établir avec nous une communion, par laquelle il nous unit à lui et nous invite à voir toute réalité, avec la qualité de son propre regard.
Bonne lecture et bonne contemplation.
Reynald Valtrid