Le dimanche 21 avril dernier, huit jeunes de la paroisse Sainte-Marie-de-Doulon ont « fait » leur profession de foi. La profession de foi, c’est l’action de déclarer publiquement.
Ce terme n’est pas une expression exclusivement chrétienne. Au cours de leur histoire, il arrive à beaucoup de gens de faire des professions de foi. Dans quelques mois, il y aura les élections européennes. Avant de voter, les électeurs recevront de la part des candidats, une profession de foi où ils diront ce pour quoi ils se présentent, ce qu’ils veulent dénoncer et faire avancer.
Saint Jacques dans son épître écrit au chapitre 2 11-19 :
« À quoi bon, mes frères, dire qu’on a de la foi, si l’on n’a pas d’œuvres ?… Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours, et que l’un de vous leur dise : « Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit », sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? De même, la foi qui n’aurait pas d’œuvres est morte tout à fait ». Mais quelqu’un dira : « Tu as de la foi ; moi aussi, j’ai des œuvres ; prouve-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je tirerai de mes œuvres la preuve de ma foi ». Sans jamais identifier la foi aux œuvres, Jacques insiste sur une foi qui s’accomplit dans les œuvres, surtout dans l’amour du prochain et de la prière.
Saint Jean écrira aussi dans sa première épître (1 jn 3-18) : « Mes petits-enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité » Saint Jean souligne deux aspects essentiels de l’amour : pour être authentique, il doit se traduire dans des actes concrets ; mais il ne sera vraiment chrétien que s’il prolonge dans nos vies l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
J’entends encore cette femme mariée depuis quelques années me dire : « Mon mari, je suis sûre qu’il m’aime. Cela se voit par ses petits gestes d’attention, de tendresse, ses regards amoureux, le bouquet de fleurs pour ma fête… ses choix professionnels pour ne pas être trop souvent absent de la maison… Mais jamais il ne me le dit. Comme j’aimerais qu’il me dise : « Je t’aime ». Cela veut dire que la parole, cela n’est pas que du vent. Les psychologues le disent bien : prendre la parole, mettre des mots sur ce que l’on ressent, ce que l’on a vécu, non seulement, cela libère, mais cela donne du sens. Dire « je t’aime », quand des actes le prouvent, c’est essentiel. Acte et parole sont liés. D’ailleurs Dieu lui-même est Action et Parole. Toute l’histoire du peuple de Dieu dans la Bible ne parle que de cela. Son action est parole, sa parole est action.
Pour Dieu, il n’y a pas de décalage entre les deux. Nous les humains, bien sûr, nous ne sommes pas Dieu, et nous vivons un peu au-dessus de nos moyens, car nos paroles risquent toujours de dépasser nos actes. Mais l’essentiel c’est de ne pas se dire que tout est fait, quand on a parlé, ou que sans avoir besoin de parler, lorsqu’on a fait, cela saute aux yeux et c’est évident.
Les huit collégiens de 12-13 ans, qui « ont fait leur profession de foi », ont été invités à mettre par écrit quelques expressions que vous avez pu entendre de leur bouche, ce 21 avril dernier en l’église Notre-Dame-de-Toutes-Aides. Un exemple : « Moi, c’est ma famille qui m’a transmis la foi. Pour moi, Dieu je le vois partout où je vais… J’ai foi en lui, mais je ne sais pas pourquoi… J’avoue que plusieurs fois j’ai remis ma foi en question, mais j’ai toujours eu des personnes autour de moi qui m’ont remise sur le droit chemin ».
En ce moment, une vingtaine de jeunes des quatre paroisses de notre doyenné Nantes-Est, sont en train d’écrire une lettre de motivation, leur profession de foi à l’évêque, pour leur confirmation. Le dimanche 26 mai, Laurent Percerou, viendra en l’église Saint-Bernard confirmer leur foi. Ce ne sont pas les jeunes qui confirmeront leur propre foi. C’est l’évêque, au titre de sa charge épiscopale, qui en traçant sur leur front, une croix avec le Saint-Chrême, leur dira : « sois marqué de l’Esprit-Saint, le don de Dieu ». La foi, cela n’est pas nous qui nous la donnons nous-mêmes. C’est un cadeau gratuit de Dieu, c’est un mystère d’amour, qui se propose à travers des personnes, des témoignages, des événements.
C’est ce qu’a écrit un des jeunes : « Je crois en Dieu car j’ai entendu des témoignages qui m’ont marqué et qui m’ont fait me poser des questions sur comment je voulais croire avec l’aide de mes parents. »
Eh bien rendons grâce à Dieu pour cette confiance merveilleuse qu’il fait à chaque être humain. Demandons à l’Esprit-Saint de continuer à donner ses dons « de sagesse» (prudence et savoir-vivre dans l’esprit de Dieu), « d’intelligence» (intelligence du cœur, confiance), « de conseil » (avoir une bonne influence sur les autres), « de force » (persévérance, et esprit d’initiative), « de science » (humilité et discernement), « de piété » (affection filiale, respect), «de crainte de Dieu » (justice sans jugement des personnes, fidélité à ses engagements).
Jean-Yves Lecamp