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« Les pauvres sont nos maîtres »

« Les pauvres sont nos maîtres », cette conviction est de saint Vincent de Paul dont la fête était le 27 septembre. En son temps au dix-septième siècle, ce prêtre a été voir le roi et la reine, les grands dirigeants et les dames de la haute bourgeoisie pour qu’ils ouvrent leurs bourses afin de soulager la misère dans les rues de Paris, afin d’ouvrir des foyers pour les enfants trouvés… « Les pauvres sont nos maîtres » : facile à dire : encore faut-il que les actes puissent suivre… c’est à dire venir en aide efficacement à ceux qui ont besoin et aussi se poser la question des causes de la pauvreté… pour combattre ces causes… et faire une société moins inégalitaire.

Dimanche 25 septembre, Amos faisait retentir son interpellation : « La bande des vautrés n’existera plus » (Am 6, 7). Et Jésus, en fin observateur de la société de son époque, nous a offert la parabole du riche qui ignore complètement le pauvre Lazare à sa porte (Luc 16, 19-31) : seuls les chiens ont l’air de s’en préoccuper, venant lécher ses plaies ! Lazare signifie « Dieu vient en aide »… Dieu ne peut venir en aide que par ceux qui habitent la même terre. Dieu vient en aide par nous !

À toutes les époques de l’histoire humaine, des prophètes ont pu se lever, au nom de Dieu ou pas d’ailleurs, pour dire : « cela ne peut plus durer. » Ne croyez-vous pas qu’elles sont prophétiques ces femmes et ces jeunes filles d’Iran qui ne supportent plus le sort qu’on leur fait… ainsi qu’en Afghanistan… ? Prophétiques aussi celles et ceux qui demandent qu’on prenne au sérieux l’appel à une véritable sobriété dans nos styles de vie… Il y a là un chantier formidable où il est nécessaire de mettre toutes les questions sur la table et de vraiment lier justice et écologie. La journée diocésaine du 1er octobre à Derval avec Église verte a été un lieu de partage et de débat à ce sujet.

« Cela ne peut plus durer » : nous l’avons entendu de
la part de migrants le 22 septembre à la soirée organisée
par la pastorale des migrants et le CCFD-Terre solidaire.
Il a été fortement souligné l’énorme difficulté pour les
migrants et exilés d’accéder au travail en lien avec la
difficulté d’avoir des papiers. Et pourtant il y a des
emplois… Pendant cette soirée, je pensais à des
choses vécues par des personnes liées au Pôle
solidarité de notre paroisse. Par exemple ces femmes
qui se relaient pour aider ces mamans seules lors de
leur accouchement… Cette semaine Dylan est né…
quelqu’un accompagnait sa maman à la maternité
pendant que d’autres prenaient en charge ses deux
sœurs, les logeant, les amenant à l’école. Il y a
quelques mois, c’est une autre maman qui a été
accompagnée : trois personnes se sont relayées à la
maternité parce que le bébé tardait à venir. Une autre
maman seule et son bébé ont été accompagnés ainsi :
ils ont même eu la chance d’aller quelques jours à la
mer avec trois personnes du quartier. « Les pauvres
sont nos maîtres ». Et alors cela coûte des énergies et
à plusieurs… telles ces personnes qui, ces jours-ci, ont
passé du temps avec une jeune femme Rom pour
avancer enfin, dans des démarches administratives et
un rendez-vous avec l’assistante sociale. Et il y a ceux
qui font du soutien scolaire aux enfants des familles
logées actuellement à Broussais près de l’église
Notre-Dame-de-Toutes-Aides. Il y a celles et ceux
qui, avec l’association Égide Solidarité, soutiennent
les jeunes du même lieu. Dimanche 18 septembre,
pour la deuxième fois en quelques mois, ces jeunes
ont pu passer un temps convivial à la Maison
paroissiale.

Je suis persuadé que chacun peut faire quelque
chose… et aussi avec des associations bien sûr… et
qu’alors ce ne sont plus des chiens qui s’approcheront
des personnes en précarité, mais des humains… des
humains qui se reconnaissent frères et sœurs parce que
tous enfants de Dieu… parce que tous descendants du
père Abraham ! Des humains qui veulent vivre en
société et donner une chance à chacun… Des humains
qui ne supportent pas les inégalités criantes et qui
proposent que certaines lois et certaines dispositions
fiscales soient changées. « Les pauvres sont nos
maîtres. »


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