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Au milieu de la tempête : Pâques !

Pour les amis de Jésus, le 9 avril 30 a peut-être été le jour le plus triste, du moins en son début. Elles sont tristes ces femmes qui vont au tombeau pour prendre soin du corps de leur Maître (Marc 16). Elle est triste Marie de Magdala dans le jardin du tombeau, croyant voir le jardinier (Jean 20). Ils sont tristes ces deux disciples qui rentrent à Emmaüs. Leur déception est à la hauteur de l’espoir qu’ils mettaient en Jésus comme Messie… mais quel Messie ? Ils sont tristes ces disciples enfermés dans la maison – sauf Thomas qui ose aller dehors respirer l’air de la ville et peut-être déjà partager avec d’autres sur les évènements des jours précédents (Jean 20).

Jésus le Ressuscité les rejoint dans leur tristesse. Il sait ce que c’est de perdre un ami comme Lazare. Il sait ce que c’est de vivre le rejet, de connaître le doute et d’avoir une prière écartelée vers Dieu son Père : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il sait ce que c’est d’espérer la réponse du Père : « Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! » (psaume 21)

Pour les amis de Jésus, à partir du 9 avril 30, la joie de Pâques n’a dû venir que progressivement. Pour faire son chemin dans le cœur des disciples, il a fallu qu’Il reprenne l’initiative : il marche avec eux sur la route d’Emmaüs, il leur donne la parole, leur parle au cœur et refait pour eux ce geste du partage du pain et du vin (Luc 24, 30, 31). Il appelle Marie par son nom, lui permettant de reconnaître son Maître et d’accueillir une mission nouvelle vers ses frères (Jean 20, 17). Il participe à leur repas (Luc 24, 42) ou leur donne lui-même à manger (Jean 21).

Thomas, le tenace, veut ‘seulement’ être sûr que le Ressuscité dont lui parlent ses frères est bien le Crucifié, sinon le Dieu dont Jésus a prétendu témoigner ne serait pas crédible ! Thomas veut réunir dans la même personne comme ses deux faces : le Crucifié-Ressuscité. Il attend que ce Messie prenne en charge les douleurs, les difficultés, les limites et les doutes des humains. Alors il pourra accéder à la joie de Pâques.

Aujourd’hui, nous sommes au milieu de la tempête et nous connaissons des difficultés immenses. Nous avons peur pour nous, pour nos proches, pour celles et ceux qui sont aux premières loges et qui prennent soin de nous et des plus fragiles. Nous sommes assaillis de doutes sur l’avenir de notre planète et la possibilité d’y vivre. Alors que le printemps éclate de vie, nous sommes confinés. Nous allons fêter Pâques d’une manière imprévue dans nos maisons ou nos appartements, seul ou en famille. Comme je l’écrivais aux enfants qui préparent la première de leur communion, « nous aurions dû nous réunir pour une belle célébration du Jeudi-Saint et pour Pâques. Mais ce sera en famille : profitez-en tous ! Dans l’histoire, les chrétiens n’ont pas toujours eu la possibilité de se réunir dans une église (et encore maintenant dans certains pays). » Ces chrétiens ont tenu dans la foi. Je repense à la messe célébrée dans les catacombes à Rome lors de notre pèlerinage à 40 personnes de la paroisse. Ces premiers chrétiens et d’autres depuis ont prié leur Seigneur pour qu’Il leur donne le courage de regarder la peur en face et de la traverser en restant reliés à Dieu et à leurs frères.

J’aime bien ce que Denis Marguerat écrit à propos de la Résurrection du Christ : « J’y crois parce-que je discerne, dans ma vie et la vie d’autres, les signes du Christ ressuscité. Des épisodes de notre vie ont un parfum de résurrection : ce parfum est la trace de Dieu qui ressuscite et relève. » (La Croix – l’Hebdo 4-5 avril 2020). Ensemble, nous cherchons à être attentifs à ces signes d’une vie plus forte que la mort !

Par certains côtés notre Église est dans les catacombes, mais elle est vivante alors que la mort fait son ouvrage. Le courage sera de regarder en face notre monde blessé, de regarder à la loupe ce que nous n’osions pas regarder avant : ces inégalités, ces précarités, ces budgets revus à la baisse, ces dysfonctionnements de la société au plan mondial.

Nous aurons à le faire avec toutes les femmes et tous les hommes « de bonne volonté », toutes celles et ceux qui ont découvert leurs capacités de fraternité et de solidarité. La principale peur sera de douter de nos capacités de faire autrement. Nous en sommes capables, certes au prix de changements douloureux. Mais nous pouvons témoigner que le Ressuscité est toujours là pour nous dire : « Lève-toi et marche ! »

Alors, même dans un certain confinement, entrons dans la joie de Pâques ! Les cloches sonneront dimanche matin à 11h00 et déjà, nous avancerons vers la Pentecôte.


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