- Dieu si tu existes,
- Dis-nous qui tu es !
- Dis-nous ton nom !
- .
- Seigneur Dieu,
- Tu es avec nous
- Pour que nous soyons libres.
- .
- Tu es avec nous
- Pour que ceux qui sont condamnés
- À une vie inhumaine
- Puissent sortir de leur esclavage.
- .
- Dieu si tu existes
- Dis-nous qui tu es !
- Dis-nous ton nom !
- .
- Aujourd’hui beaucoup de gens disent :
- « Ce Dieu qu’on ne voit jamais, il n’existe pas ! »
- .
- Tu es notre Dieu,
- Tu es bien mystérieux !
- Et tout ce que tu fais,
- Qui peut le comprendre ?
- .
- Dieu si tu existes,
- Dis-nous qui tu es !
- Dis-nous ton nom !
Pas simple
Cette prière que j’ai recueillie un jour de la main d’une jeune lycéenne en recherche nous rappelle cette attente de bien des gens autour de nous. Mais vivre et témoigner de sa foi aujourd’hui n’est pas simple !
Pas simple pour les enfants de dire aux copains qu’ils vont au caté, à l’ACE, à la messe… Pas facile pour les jeunes de dire qu’ils vont à l’aumônerie, à la JOC, au MEJ, aux scouts… Pas facile pour les adultes de dire certains jours que nous sommes chrétiens, dans certains contextes, au travail, avec les amis, en famille même. Souvent, nous préférons nous taire pour éviter les embrouilles et ne pas gâcher le repas ou la fête. Et chacun de se satisfaire de l’affirmation : la religion est une affaire privée. C’est plus calme.
De cette manière-là, nous n’avons pas de moqueries ou de suspicions de participer à quelque chose de vieillot, de dépassé… Quelque chose qui en fait serait source de guerre et qu’il conviendrait de supprimer.
Dieu pour tous ou que pour nous ?
Relisons le livre de Jonas. Ce conte a été écrit au retour d’exil : période où le peuple juif reprend conscience de ses racines, de son originalité et de sa différence d’avec les autres. Il veut affirmer son ‘identité’. Jonas ne croit pas que les autres – les non-juifs, les païens – puissent se tourner vers Dieu. Mission impossible donc. Ce que Jonas reproche à Dieu à la fin du récit, c’est qu’il soit « un Dieu miséricordieux, tendre, plein d’amour » ne cherchant pas à punir les gens, car c’est un Dieu de pardon et de liberté. Cela nous gêne parfois de penser que Dieu se sert de tout le monde; il n’attend pas que toutes les bonnes cases de foi catholique et de bonne moralité soient cochées ; il ne calcule pas ainsi. Nous croyons des fois que, être baptisés, venir au caté, célébrer la première des Communions, la Confirmation, etc. nous procureraient devant Dieu un meilleur placement que les autres. Et surtout nous pensons que ces autres ne pourront jamais se laisser toucher par l’Évangile. Et alors, être témoin auprès d’eux de l’intérêt de croire, ce ne serait pas la peine d’essayer, parce que ça ne les intéressera pas ! Mais « de quel droit décides-tu à ma place et à la place des autres ? » me dit Dieu, « Qui es-tu pour savoir quels chemins l’Esprit-Saint prendra dans le cœur des gens autour de toi ? »
Des chemins imprévus
Comme prêtre, je suis souvent frappé des chemins imprévus que Dieu prend : dans la vie des gens, l’Évangile se met à parler un jour… ou à reparler autrement que dans leur enfance. Nous tous avons un parcours de foi qui a pu connaître des éclipses. Et un jour nous sommes repartis autrement grâce à un témoin lumineux, grâce à un événement marquant, grâce à l’Esprit-Saint que nous avons mieux entendu au fond de notre cœur.
Témoins dans un monde laïc
Être témoin, aujourd’hui, n’est pas aisé, d’autant que plusieurs conceptions de la laïcité s’entrechoquent. Mais si nous pensons vraiment que la foi contribue à notre vie de tous les jours, contribue à nous faire grandir en humanité, pourquoi avoir peur d’être des croyants dans le monde d’aujourd’hui ? Si nous pensons qu’en posant des gestes d’humanité ensemble, soutenus, inspirés par l’Évangile, cela apporte un plus à notre société, de quoi avoir peur ?
Récemment le journal Le Monde avait une grande page sur tous ceux qui soutiennent les migrants, en soulignant que, parmi eux, il y avait de nombreux croyants.
Voilà, c’est parlant.
Non au prosélytisme
Nous avons à refuser tout prosélytisme : cette manière de vouloir amener l’autre – de toutes les façons possibles, même souriantes – sur ses propres idées…, comme si les gens étaient quand même un peu chrétiens quand ils essaient d’être bons et fraternels. Non, à chacun de dire ce qui l’inspire… et il n’y a rien de pire que de vouloir imposer ses opinions philosophiques ou religieuses. On peut être chrétien tranquillement aujourd’hui et témoin de la foi sans être obsédé de vouloir partager sa foi tout le temps et de la brandir comme un étendard. On peut être chrétien tranquillement : d’abord dans notre attitude d’accueil des autres, d’écoute, de rencontre et d’engagement sur le terrain de la vie… qui est le même que tout le monde : cette vie, nous cherchons à la faire belle, juste, fraternelle et solidaire… cette vie, nous voulons donner du sens : et, pour nous, c’est l’Évangile du Christ qui lui donne tout son sens, son poids, sa valeur, sa saveur.
Notre Église n’a pas à être obsédée d’affirmer sans cesse son identité, sa différence comme pour se préserver du monde.
Certes, elle prend sa part dans les débats de société, mais sans
prétendre posséder la vérité contre les autres. Nous pouvons nous situer avec nos contemporains ainsi et désirer dialoguer tranquillement : en toute liberté et sans faire la leçon à l’autre. Cela peut être sous le mode : « Et toi, qu’est-ce qui te fait vivre ? quelle est la source qui maintient la vitalité de ton existence ? qu’est-ce qui est source de joie et qui t’apprend la saveur de vivre ? » Notre Église est appelée à se vivre sans cesse « en sortie », comme le dit souvent notre pape François. Et par notre baptême, nous sommes choisis par Jésus pour être « disciples-missionnaires » dans le monde d’aujourd’hui.