J’avais promis en septembre de donner suite à l’information concernant l’occupation du presbytère Saint-Médard.
C’est au milieu du mois d’août que la paroisse a été informée que le presbytère était désormais occupé. Le fait était accompli.
J’ai décrit les « occupants » dans le bulletin précédent. Au fur et à mesure des semaines nous apprenons à nous connaître et certains d’entre vous sont aussi allés rendre visite.
Aux dernières nouvelles 68 personnes originaires de différents pays d’Afrique habitent le presbytère. Des associations, le diocèse, la paroisse, la mairie, se concertent pour leur donner le minimum concernant l’hygiène. De nombreux habitants du quartier ont amené matelas, tables, nourriture, etc.
La plupart de ces personnes sont des demandeurs d’asile ayant fui leur pays pour cause de violences sur leur personne ou de guerre.
La paroisse, locataire de la mairie pour Saint-Médard, en lien avec le diocèse, a décidé qu’il n’y aurait pas de procédure d’expulsion mise en route, mais qu’il nous revenait, avec des partenaires comme le Secours Catholique ou la pastorale des migrants, en lien avec des associations, de faire en sorte qu’un toit leur soit donné, que leur situation puisse être entendue, pour chacun, et qu’un avenir leur soit ouvert, dans notre pays si nécessaire.
C’est ce travail de concertation qui est en cours et qui amène les associations et le diocèse à impliquer la mairie et la préfecture sur des questions qui concernent l’ensemble de la société française. J’insiste sur cela : notre position d’accueil devant le fait accompli n’a de sens que si elle est relayée par les instances que sont la mairie de Nantes et la préfecture de Loire-Atlantique.
Dire que cela ne demande pas d’énergie serait mentir.
Il revient pourtant aux chrétiens d’assumer, avec l’ensemble de la société française, un devoir d’accueil et de vigilance. Ceux qui sont arrivés chez nous sont d’abord en situation de détresse. Ils ont besoin de notre aide. La situation de nombreux pays africains ou du Moyen Orient nous fait comprendre que les flux d’immigration ne font que commencer. Quelle sera la réponse de nos pays occidentaux ? Ce sont des questions politiques, au sens noble du mot : le monde doit s’organiser dans la justice. La lutte contre les terrorismes ou la corruption dans de nombreux pays est nécessaire.
Mais l’accueil dans l’urgence fait aux personnes est aussi nécessaire. Notre pays a les moyens d’assumer cela. Le contact et le travail avec les migrants sont source de richesse pour tous, source de joie et d’ouverture, même si cela passe par des remises en cause. Il faut pour tous en France, un travail. Il faut pour tous en France, un toit. Nous en sommes loin.
L’Évangile est sans détours. Nous ne pouvons pas arracher les pages de la Bible qui sont des avertissements aux croyants : qu’as-tu fait de ton frère ? Laisserons-nous à notre table un peu de place à l’étranger ? Ces paroles prennent un sens nouveau quand la réalité du monde nous rattrape.
Sans l’avoir choisi, notre paroisse, avec le diocèse, assume une situation. C’est notre grandeur, c’est notre vérité de chrétiens. Peut-être aussi est-ce, d’une certaine manière notre avenir : nous serons crédibles si nos actes sont en accord avec notre annonce, si la Parole de Dieu nous implique au cœur des questions de ce monde.
Le dynamisme de notre diocèse, de notre paroisse, est en jeu. C’est pour le meilleur que nous avançons.
Daniel Orieux, curé de Sainte-Marie-de-Doulon