Finances

Amour et travail

Des actions symboliques, et dramatiques, se sont déroulées à Nantes ces derniers temps :

Un père de famille escalade et occupe la grue jaune de l’Ile de Nantes pour faire valoir ses droits de père suite à son divorce.

Un homme s’immole par le feu à deux pas de chez nous à la Maison de l’Emploi.

La grande grue jaune fait depuis longtemps partie du paysage nantais. Elle fut autrefois le signe, visible de loin, de la vocation industrielle, maritime, portuaire de la ville de Nantes. Le symbole de la construction navale. Elle était symbole du travail, de l’emploi.
Elle est devenue aujourd’hui le symbole de l’attractivité touristique de la ville
Elle devient, par l’action désespérée d’un père demandant la justice pour la garde de ses enfants, le symbole de la détresse morale engendrée par les ruptures affectives, les cassures d’alliance. Les familles défaites, recomposées, sont une réalité qui s’impose, un monde dans lequel nous nous sommes installés sans trop de préparation.

On aura beau vouloir normaliser toutes ces ruptures, il reste que l’amour est blessé, l’alliance mise à mal. Les blessés de l’amour –nous peut-être- comment allons-nous en prendre soin à la manière de Jésus ?

Curieusement, ce que la grue jaune ne représente plus, c’est le maison de l’emploi qui en devient le symbole. Le monde du travail nous rattrape à travers cette immolation dramatique.

Oui, la ville est belle. Oui elle est attractive.
Qu’est-ce donc qui ne va pas ?

Nous ne pouvons pas vivre sans amour. Nous ne pouvons pas vivre non plus sans travail.

Voilà ce qui nous est revenu en pleine face ces derniers temps. Oui, l’absence de travail est une blessure profonde. Car l’amour, comme le travail, contribuent à donner sens à la vie. Et nous avons besoin de sens. Et nous avons besoin de vivre. Le tourisme ne suffit pas.
On ne peut pas traverser la vie seulement en touriste : Il nous faut aimer, il nous faut travailler. Là sont deux ingrédients du bonheur.
Comment prendre soin de ceux –nous peut-être- qui n’ont plus de recours pour trouver un travail nécessaire à la vie ?

Le mois de mars sera celui du Carême. Il s’achèvera avec la fête de Pâques.
Vendredi Saint, nous entendrons le récit de la Passion dans l’Évangile de Jean : « Voici l’Homme… voici votre Roi » dira Pilate au sujet de Jésus à ceux qui veulent sa mort.

Cet Homme, ce Roi, exposé, vêtu en dérision puis dénudé, c’est l’homme blessé, assumé par Dieu en son Fils Jésus : père divorcé ou chômeur.

En contemplant le Christ exposé aux hommes, laissons-nous blesser aussi, pour trouver la force en Dieu de traverser, avec nos frères, les épreuves de la vie.

Daniel Orieux


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