Il est une question qui résonne à travers toute l’Écriture, celle de Dieu à Caïn qui, par jalousie, vient d’assassiner Abel, son frère : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (Genèse 4). Question tragique ! La Parole de Dieu ne cherche jamais à faire réfléchir en culpabilisant ou en inquiétant le cœur de l’homme. Cette Parole, elle est toujours une question de vie, une question qui touche à l’avenir de notre humanité.
« Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Parce que ton frère est un autre toi-même, ce que tu lui fais c’est à toi que tu le fais, ce que tu ne lui fais pas à toi non plus tu ne le fais pas. En fait la question serait la suivante : « Qu’as-tu fait de toi-même, en t’occupant de ton frère ? » L’écho de cette question nous parvient encore aujourd’hui quand, par exemple, des bénévoles et des professionnels du Conseil d’équipement de l’Accoord à Malakoff, à la Maison des Haubans se sont mobilisés pour ne pas laisser à la rue cette jeune femme comorienne et ses cinq enfants. Il aura fallu 5 jours pour que les services sociaux commencent à se mobiliser afin de trouver un logement pour cette famille. Sans la solidarité des uns et des autres elle serait probablement encore à la rue.
Comment se fait-il qu’aujourd’hui sur la toile du web nous sachions en un clic entrer en communication avec des milliers de personnes à tous les coins de la planète et que, en même temps, nous ayons tant de difficultés à trouver un toit pour quelques personnes en bas de chez nous ? On parle beaucoup de liberté, d’égalité, mais si peu de fraternité… et pour cause !
En célébrant la Toussaint les chrétiens redisent leur foi et leur espérance en cette immense Fraternité qui relie les hommes, tous les hommes, entre eux. Les saints et les saintes que nous allons célébrer ne sont pas des statues de plâtre pour contenter notre piété. Ils sont saints parce qu’ils ont su « se faire frères » à la suite de Celui qui « s’est fait frère », Jésus le Christ, notre Grand Frère ! Ils sont saints parce qu’ils sont frères, nos frères, nos sœurs d’hier et d’aujourd’hui qui indiquent à notre humanité un chemin de Fraternité possible.
« Qu’as-tu fait de ton frère ? » : la question est vitale, car c’est notre Avenir commun qui est en jeu, mais aussi parce que c’est sur le visage de ton frère que se dévoile à nos yeux aujourd’hui le visage de Celui qui est le Frère de tous parce qu’Il est Saint.
Heureux, bienheureux tous ceux qui savent se faire « frères » car ils seront saints !
Bruno Delaunay