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Fraternité

Liberté, Égalité, Fraternité (ou pas) titre le numéro de février de « Message » du Secours Catholique, sur fond de drapeau bleu blanc rouge.

Fraternité… ou pas. Le troisième terme de notre devise républicaine n’a pas le vent en poupe dans les discours officiels.

Fraternité, ça sonne un peu catho d’ailleurs, ce n’est pas très politiquement correct.

Fraternité. Vivre en frères et sœurs.

C’est ce qui nous revient : nous ne choisissons pas nos voisins ni nos collègues, nous ne choisissons que nos amis. Mais son frère ou sa sœur, nous ne les choisissons pas encore. Ils nous sont donnés, il faut faire avec. Comme avec mon voisin ou mon collègue.

Il faut faire avec. Et je fais quoi ?

Ignorance ? Peur ? Méfiance ? Il faut se méfier de son frère depuis que Caïn a tué Abel.

Est-ce une fatalité ? En ce cas le cercle de la violence est en place, la bête tapie en nous est prête à surgir. Si j’ai peur de mon frère, je développe la haine. Qui sait jusqu’où elle ira ?

Mais qui dit fraternité dit fils d’un même père. Ah ? Il y aurait un père commun ? Quel est le père de notre société ? De quelle filiation nous réclamons nous ? C’est bien difficile à dire aujourd’hui.

Pourtant, si nous voulons vivre en frères et briser le cercle de la violence et de la peur il nous faut trouver un père commun. Ou du moins reconnaître un père commun.

La démocratie peut jouer ce rôle de père : celui qu’on ne peut pas tuer sans briser quelque chose d’essentiel et sans risquer des dérives graves.

Pour les chrétiens, nous le disons sans arrêt, nous sommes frères parce que fils d’un même Père, celui qui est aux Cieux : Notre Père…

Les chrétiens non plus ne se sont pas choisis. Mais ils reconnaissent Dieu pour Père. Et ils se reconnaissent en Jésus, leur frère qui a brisé l’élan de la bête qui sommeille en chacun par son amour et sa vie donnée.

À cause de l’Évangile, tout homme est mon frère. Que vais-je faire de lui ? Que fais-tu de ton frère ? Imiter Caïn avec Abel ou suivre la parabole du Bon Samaritain, pas à pas dans le soin de mon frère blessé ?

Fraternité… ou pas. Pour nous qui entrons en Carême, il nous faut choisir.

Fraternellement,

Daniel Orieux


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