Nous inventons des manières originales de vivre les trois piliers de la foi
Une Église qui se soucie d’accueillir la Parole pour en vivre
Puisque nous en avons un peu plus le temps, nous pouvons redécouvrir la saveur de la Parole de Dieu : dans les lectures de chaque jour et aussi dans ce que nous pouvons relire de la vie de tous les jours, ce dont nous sommes témoins de la vie de l’Esprit chez nos proches, nos amis et plus largement. Au cœur des difficultés actuelles, accueillons le travail de Dieu dans ces vies données sans compter pour que la vie puisse reprendre le dessus, tous ces gestes d’humanité par ces gens dont c’est la profession, par bien des bénévoles. Des familles ré-apprennent à "prendre du temps pour Dieu". Après tout, comme me le rappelait un ami prêtre, l’Église a depuis toujours vécu grâce à des petits noyaux : familles, groupes d’amis (relisons les Actes des Apôtres 10, 24 …. 16, 14-15). Profitons-en aussi pour écouter les questions de foi et de sens de la vie de nos proches… et pour débattre ensemble.
Une Église qui se soucie du service du frère et qui est solidaire
Chacun invente ces gestes d’attention, ces nombreux coups de téléphone, notamment aux plus isolés. Chacun est témoin de cette inventivité : donner un coup de main pour les courses, etc … La pastorale de la santé de notre paroisse a fait un bulletin spécial pour les personnes en EHPAD. Le comité vigilance-solidarité du diocèse nous écrit ceci : "L’Église prend sa part, auprès des autorités civiles. Pour prendre un exemple, un centre de 48 lits vient d’être ouvert à Saint Aignan de Grandlieu, pour accueillir les migrants / personnes de la rue qui seraient atteints du coronavirus sans besoin d’hospitalisation (pour éviter qu’ils transmettent le virus à ceux qui avec qui ils partagent les squats). A la demande de la préfecture, Xavier Brunier, en tant que médecin et représentant de l’Église (diacre), a accepté de coordonner le suivi médical de ce centre et de recruter les médecins et infirmiers retraités qui acceptent de se rendre disponibles". Et le 3 avril, comme prévu, notre paroisse fera bien sa rencontre animée par le Pôle solidarité - mais par internet : cliquer ici.
Une Église qui prie et célèbre son Seigneur
Ce Carême original nous envoie plus que d’habitude au désert à moins que ce ne soit l’Exil. Relisons le prophète Jérémie qui encourage son peuple exilé à vivre positivement ce temps parce-que Dieu ne peut pas nous abandonner ! Il nous donne "un avenir et une espérance" (Jr 29, 11). Alors, oui, prions ; prions autrement pour ce monde en grande souffrance et en interrogation sur son avenir. Prions pour ceux qui sont aux avant-postes dans la lutte contre la pandémie… pour ceux qui luttent et ceux qui meurent, pour les familles en deuil, pour les plus fragiles.
Mais alors les sacrements ? A propos du sacrement du pardon en cette période, le pape François nous dit ceci : « C’est très clair : si tu ne trouves pas de prêtre pour te confesser, parle avec Dieu, il est ton Père, et dis-lui la vérité : “Seigneur, j’ai manigancé ceci, cela, cela…. pardon”, et demande-lui pardon de tout ton cœur, avec l’Acte de contrition et promets-lui : “Je me confesserai plus tard, mais pardonne-moi maintenant”. Et tu reviendras immédiatement dans la grâce de Dieu. »
Et l’Eucharistie ? elle nous manque. Mais si c’était l’occasion de redécouvrir qu’elle n’a de sens que reliée à tous les gestes de fraternité qui sont posés aujourd’hui. Le ’faites ceci en mémoire de moi’ du Christ lors de la Cène s’articule à ce geste inouï du lavement des pieds. C’est sa vie de Serviteur que le Christ donne alors à ses disciples en leur offrant de communier à son Corps et à son Sang. Un théologien écrit même ceci : "L’Eucharistie a un sens si elle est l’expression de ce que l’on vit au jour le jour : les médecins, les infirmiers, les aides-soignantes aujourd’hui ’célèbrent des messes’ pour tous, les malades font la même chose". Notre première eucharistie tous ensemble sera une fête !
Et avec ces trois piliers, notre Église veut continuer sa mission : sortir vers les autres (!), avec eux ’choisir la vie’, témoigner et communiquer ce message qui la fait cheminer elle-même. Sans prétendre avoir la vérité, elle veut participer à ces grandes interrogations dont témoignent déjà des gens très divers : "Et tout s’est arrêté, écrit un prêtre de Bordeaux (cliquer ici)…Après ce sera différent d’avant ; mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent."