Après avoir souvent chanté “Laisserons-nous à notre table un peu d’espace à l’étranger ?” qui est resté, des années durant, en tête du top 50 des chants liturgiques, après deux ans d’homélie où nous avons été interpelés sur la question des migrants, il était grand temps de nous réveiller !
Nous avons décidé de passer à l’action, en accueillant pendant les week-ends, un jeune guinéen. Saint Matthieu, dans son chapitre 25, est assez direct : “J’étais un étranger et vous m’avez accueilli“... au fond c’est assez facile... il suffit d’être prêt ! Quand une maison est chauffée pour cinq, elle l’est pour six et quand un repas est prêt pour cinq, il l’est pour six.
Il a fallu nous libérer de nos peurs : “Où est mon porte-feuille ? Où est ma carte bancaire ? Il ne faut pas le laisser seul dans la maison... et prendre garde à l’attitude qu’il prendra vis à vis de nos filles !”. Nous avons fait l’expérience d’un accueil dans la simplicité, sans rien attendre en retour, lui laissant la liberté de prendre un peu de repos, sans exiger de contre-partie.
Nous avons découvert un jeune adulte sérieux, fidèle et doté de beaucoup d’humour qui échange volontiers au sujet de son pays d’origine : nous sommes devenus incollables sur la géographie, l’histoire, l’économie et la faune de la Guinée. Nous allons vous décevoir : nous n’avons pas eu l’impression d’accueillir le Christ... pas plus que lorsque nous accueillons un voisin, un ami, un parent.
En revanche, cet accueil a été pour nous l’occasion de rencontrer de véritables héros du quotidien : des gens pleins de talents, dans notre paroisse et dans les collectifs, qui oeuvrent pour l’accueil des migrants. Ces gens qui, à leur mesure, tentent de rendre le monde un peu meilleur, en assurant des cours d’alphabétisation, le suivi administratif des migrants, la visite de squats, la mise à disposition d’un vélo, la distribution de repas...
Notre hôte est désormais logé, via une association, dans un appartement. Nous gardons le lien : il passe régulièrement le dimanche pour partager un repas et laver son linge.
Ne laissons pas mourir le feu !